Écrire un rêve de manière rigoureuse et honnête garantit la qualité du récit de rêve et facilite ensuite son interprétation. Dans cet article, je m’inspire des recommandations données par le sociologue Bernard Lahire (1), des conseils que je tiens de mes deux formatrices en interprétation des rêves, Marielle Laheurte (2) et Christiane Riedel, ainsi que des préconisations de la psychologue américaine Gayle Delaney (3).

• Consignez votre rêve par écrit ou enregistrez-le dès le réveil. Un rêve s'envole si vite ! Pour ma part, au réveil, je garde les yeux fermés et je laisse défiler les souvenirs du rêve dans ma tête, comme un film. Ce visionnage intérieur permet de fixer le rêve dans la mémoire à court terme. Ensuite, je prends mon smartphone et je raconte le rêve en détail en l'enregistrant grâce à mon application mémo (ou bloc-note). Ainsi, je pourrai le noter un peu plus tard dans la journée sans avoir oublié des éléments importants.

• Restez le plus proche possible de ce que vous avez vu en rêve, même si les scènes ou images sont très décousues. Privilégiez les phrases courtes et simples, au présent.

• Écrivez le rêve en le découpant en paragraphes : un paragraphe pour la situation de départ, puis un paragraphe pour chaque péripétie. Quand le lieu change, qu'un personnage arrive ou s'en va ou que vous repérez un adverbe comme « ensuite », « soudain », « tout à coup », sautez une ligne pour créer une séparation visuelle. Séparez aussi la scène finale.

• Ne modifiez pas les choses gênantes ou honteuses. Soyez honnête, sans vous soucier des règles de bienséance ou des principes moraux car les rêves eux-mêmes n’y sont pas soumis.

• Donnez un titre au rêve. Vous pourrez modifier ce titre après l’interprétation si cela vous semble pertinent.

• Précisez la date du rêve (jour, mois, année).

• Vous pouvez ajouter des éléments visuels : un dessin, une photo, un plan du lieu ou un plan de table, un collage...

• Pour faire ressortir les symboles en vue de l’interprétation, choisissez un code couleur pour entourer, surligner ou souligner les principaux éléments du rêve : une couleur pour les êtres animés (personnes, animaux), une deuxième couleur pour les lieux (le cadre), une troisième couleur pour les objets. Dessinez une flèche sous les verbes d'action. Personnellement, je souligne aussi avec des vaguelettes les émotions ou les traces d’émotions. Enfin, si une phrase du rêve me marque particulièrement, je la surligne ou l'encadre.

Hors du récit de rêve :

• Mentionnez le sentiment général associé au rêve : positif, neutre ou négatif. Notez également les différentes émotions ressenties au fil du rêve et comment vous vous sentez au réveil.

• Relatez tout ce qui concerne la journée précédant le rêve (événements, situations, lieux, personnes, objets, pensées, émotions, réflexions).

• Racontez aussi ce qui vous « travaille » en ce moment : vos soucis et préoccupations, les tensions ou angoisses de la période en cours.

• Si l’un des éléments du rêve vous fait penser à quelque chose en particulier, précisez-le. Par exemple : « C’est la casquette que portait toujours mon grand-père. » Ou : « Ce village de montagne est un mélange de deux villages où je passais mes vacances, XXX et YYY. »

Carnet ou classeur ?

Pour collecter vos rêves, vous pouvez choisir un joli carnet, mais je trouve le classeur plus pratique pour ajouter des pages par la suite, notamment parce que l'interprétation est parfois longue. Vous pouvez également avoir envie d’inscrire à la suite d’un rêve des coïncidences ou événements ultérieurs qui vous semblent en lien avec ce rêve, par exemple les paroles d'une chanson ayant le même message que votre rêve ou encore tous ces petits hasards qui n'en sont pas et que le psychiatre suisse Carl Gustav Jung nommait les synchronicités. Un de mes amis croyant appelle très joliment ces clins d'œil du destin les « clins Dieu ».

Je termine cet article par un avertissement : si vous recevez beaucoup de rêves, ne cherchez pas à tous les noter, vous risqueriez d'être totalement submergé(e) par les contenus venus de votre inconscient et de mettre en danger votre santé mentale. L'inconscient est illimité, infini ! C'est donc à vous de poser des limites. Votre moi conscient est comme une petite barque sur la mer immense de l'inconscient. Quand vous notez un rêve, c'est comme si vous pêchiez un poisson. Attention de ne pas en pêcher tellement que votre barque s'enfonce !

Vous pouvez sans risque noter un rêve tous les quinze jours. Choisissez de consigner uniquement les rêves marquants, ceux qui vous laissent une forte impression, ceux qui vous paraissent importants ou très intrigants. Et laissez filer les autres sans les écrire !

Ce qui importe, ce n'est pas de collectionner le plus de rêves possible, c'est de comprendre le message d'un rêve et ensuite... de le mettre en pratique dans votre vie quotidienne ! C'est cela qui vous amènera à une véritable transformation intérieure et extérieure. Vous verrez qu'un rêve tous les quinze jours, c'est déjà beaucoup d'efforts et de travail !

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Références bibliographiques

(1) Lahire Bernard, La part rêvée, L'interprétation sociologique des rêves, volume 2, Éditions La Découverte, 2021, p. 39-44.

(2) Laheurte Marielle, Interprétez vos rêves, Hachette Pratique, 2013, p. 69-73.

(3) Delaney Gayle, All about dreams, Harper San Francisco, 1998, p. 104-106.

Crédits illustrations

Je remercie les artistes qui m’ont permis d’illustrer cet article. | chaton qui s'étire : Pixabay de Pexels | crayons et blocs-notes : Raquel Tinoco de Pexels | affaires de dessin  : Dzenina Lukac de Pexels | Vieux livre : Samantha Hurley, https://wherethelightleaksin.com/, https://www.samanthahurleyphoto.com/ | Barque de pêcheur, "Boot 5" : Yarelas (Yannik Reufer), http://www.reufer.eu/, https://www.kunstnet.de/Yarelas